La Chiromancie : Une science millénaire
Dès que l’on entend parler de chiromancie, l’image d’une bohémienne lisant l’avenir dans les lignes de la main nous vient immédiatement à l’esprit. Il est vrai que les « gens du voyage » sont, depuis des siècles, les dépositaires de ce savoir étrange permettant d’interpréter chaque signe gravé au creux de nos paumes. Selon la tradition, la chiromancie serait aussi vieille que le monde, et nous trouvons dans la Bible ce passage qui semble confirmer l’ancienneté de cette connaissance : « Dieu mit des signes dans les mains des hommes, afin que tous puissent connaître leurs œuvres. » (Job, Chapitre 37, Verset 7).
Si les auteurs de l’Ancien Testament ont vu dans la main des hommes le « sceau » de l’Eternel, Aristote aurait été le premier à écrire un traité de chiromancie, de retour d’un voyage en Egypte où il se serait initié à cet art dont on situe l’origine en Inde, bien qu’il ait été pratiqué chez tous les peuples de l’Antiquité. Plus près de nous, de grands écrivains, comme Alexandre Dumas fils, se sont passionnés pour la chiromancie. Ce fut également le cas d’Honoré de Balzac qui écrivit dans Le Cousin Pons : « Eh bien ! si Dieu a imprimé, pour certains clairvoyants, la destinée de chaque homme dans sa physionomie, en prenant ce mot comme l’expression totale du corps, pourquoi la main ne résumerait-elle pas la physionomie, puisque la main est l’action humaine tout entière et son seul moyen de manifestation ? De là la chiromancie. » Il faut savoir également qu’en Chine, la chiromancie est considérée comme une véritable science, même si les chiromanciens chinois se limitent souvent à l’étude du pouce… Parce que ce doigt – que l’on surnomme le « chef d’orchestre » en raison de sa faculté à pouvoir s’opposer à tous les autres doigts de la main – est censé résumer les aspects les plus importants de notre personnalité. Et c’est peut-être pour cela que le fameux Isaac Newton n’hésita pas à déclarer : « A défaut d’autres preuves, le pouce me convaincrait de l’existence de Dieu. »
Mais le but essentiel de la chiromancie (terme formé à partir des mots grecs Kheir, main, et Manteia, divination) est de nous permettre de connaître les grandes étapes de notre destin qui serait déjà écrit bien avant notre naissance, puisque les lignes de la main apparaissent dès le troisième mois de la grossesse pour évoluer tout au long de la vie. Ainsi, contrairement à ce que l’on croit trop souvent, la formation de ces lignes ne doit rien aux activités manuelles que nous pratiquons, ni à l’exercice de certains métiers qui ne changeraient nullement la physionomie « initiale » de nos mains.
Au Moyen-Age, les chiromanciens exerçaient leurs talents dans le plus grand secret, par crainte de l’Eglise qui condamnait cette pratique en la classant parmi les sciences maudites (à l’instar de la magie ou de l’alchimie). Avec l’arrivée de la Renaissance, la chiromancie sortit un peu de l’ombre, en faisant l’objet de plusieurs traités qui commencèrent à attirer l’attention des lettrés. Seulement, il faudra attendre le XIXe siècle pour voir imprimer le premier ouvrage d’importance sur le sujet, celui du capitaine Stanislas d’Arpentigny ayant pour titre : La chirognomonie ou l’art de reconnaître les tendances de l’intelligence d’après les formes de la main. Brillant officier, d’Arpentigny se trouvait en Andalousie lorsqu’il croisa la route d’une bohémienne qui insista pour regarder les lignes de ses mains. Et à défaut de le convaincre par ses prédictions, la jeune femme réussit à l’intriguer suffisamment pour qu’il décide de se lancer dans l’étude de cette curieuse discipline. Tout d’abord, il commença par lire tous les anciens auteurs (Anaxagore, Platon, Avicenne, etc…) qui évoquaient la question. Puis, désirant passer de la théorie à la pratique, il se mit à étudier les mains de toutes les personnes qu’il fut amené à rencontrer. Enfin, quand il estima qu’il en savait assez pour jeter les bases d’un « système » appelé à devenir le fondement d’une nouvelle science, il consigna ses découvertes dans un ouvrage qui lui valut cet hommage du grand Alphonse de Lamartine : « Nous avons été camarades dans les gardes du corps, je me félicite que nous le soyons encore dans la philosophie naturelle. »
S’il fallut trente longues années au capitaine d’Arpentigny pour percer les secrets liés à la physionomie de nos mains, le peintre Adolphe Desbarrolles ne mit pas moins de quinze ans pour acquérir le savoir nécessaire à la rédaction de son livre sur Les Mystères de la Main. Publié pour la première fois en 1860, l’ouvrage de Desbarrolles (qui connaîtra de multiples rééditions en raison de son succès) deviendra très vite LA référence en matière de chiromancie. Complétant le système élaboré par d’Arpentigny, Desbarrolles voulut « restituer » la chiromancie, telle qu’elle était enseignée dans les temps les plus anciens. Et c’est grâce à elle qu’il comprit l’importance de la volonté de l’homme qui – dans une certaine mesure – peut aller jusqu’à détourner le cours de la fatalité. Car en tenant compte des avertissements inscrits dans nos mains, nous serions capables (par notre libre arbitre) de changer l’avenir ; d’où le fait que les lignes sillonnant nos paumes ne sont pas immuables, mais se modifient avec le temps en fonction de nos choix et/ou de l’évolution de notre état d’esprit.
Pour finir, nous citerons le cas étonnant de Josef Ranald. Docteur en Philosophie à l’université de Vienne, Ranald fut amené à s’intéresser à la chiromancie après avoir vécu cette troublante expérience qu’il racontera dans son ouvrage intitulé Les Mains Parlent : « C’était pendant la guerre en 1917. Un de mes amis et moi, tous les deux jeunes officiers dans l’armée autrichienne, nous étions en permission à l’arrière. Mon ami me proposa, pour tuer le temps, de m’emmener chez un professeur d’université qui avait la curieuse manie de lire les lignes de la main. Je trouvai l’idée distrayante, nous y allâmes. Les premiers mots, ou presque, de cet adepte de la chiromancie furent pour dire qu’il voyait dans la main de mon ami l’indication de la peur de la mort ; mieux même – comme cette indication était répétée dans les deux mains -, le vieil homme prédit la mort prochaine de mon ami. Je me mis en colère. « C’est une prédiction qui ne vous coûte rien, à vous qui n’êtes pas mobilisé et qui pouvez rester bien tranquillement chez vous. Quel est celui parmi nous, dans les tranchées, qui ne craint pas la mort ? Et pour combien d’entre nous ne pouvez-vous pas prédire une fin à une aussi brève échéance ? Et pour moi, est-ce que vous me donnez une semaine à vivre ? » Le vieil homme regarda ma main. « Vous, vous vivrez longtemps, mais vous l’échapperez belle pas mal de fois et vous aurez beaucoup d’aventures, vous rencontrerez plusieurs grands hommes et vous voyagerez dans le monde entier. » Deux jours plus tard, l’ami de Ranald était tué sur le front, et lui-même échappa à la mort de nombreuses fois avant de voir se réaliser la seconde partie de la prédiction, puisque son métier de journaliste lui donnera l’occasion de côtoyer diverses personnalités de son époque. Y compris Adolf Hitler qui, par une nuit de 1932, accepta de lui laisser prendre l’empreinte de ses mains où Ranald vit avec effroi les signes les plus funestes… Mais quel homme « sensé » aurait pu croire que tout était déjà écrit dans la main du Fürher ?
Aujourd’hui, on range la chiromancie parmi ces arts divinatoires qui suscitent bien souvent un sentiment d’incrédulité. Pourtant, la lecture des mains donne des résultats assez stupéfiants pour réussir à convaincre les plus sceptiques. D’autre part, contrairement aux voyants et autres médiums, le chiromancien n’a nullement besoin de posséder un don hors du commun. Il lui suffit d’être doté d’un bon sens de l’observation, d’un esprit d’analyse rigoureux et d’avoir acquis la connaissance de cette science (lui ayant été transmise par d’illustres prédécesseurs) pour découvrir, dans les lignes et les monts de chaque main, une histoire qui se renouvelle sans cesse. Ainsi, il pourra offrir au consultant les indications devant lui permettre d’accomplir au mieux son « chemin de vie ». Et si, par malchance, il vient à trouver un signe néfaste dans la main qu’on lui présente, le chiromancien a encore l’espoir d’être l’instrument du destin, en invitant la personne à prendre les mesures nécessaires pour échapper au danger qui la menace. La chiromancie permettrait aussi d’éviter les erreurs de jugement, notamment en décelant chez un enfant les qualités qui le prédisposeront à exercer tel ou tel métier, ceci l’aidant alors à choisir plus tard la profession où il pourra s’épanouir.
Enfin, les mains comportent parfois des signes éclatants de bonheur venant annoncer la réussite « programmée » de leurs heureux possesseurs, à l’instar de l’actrice Sarah Bernhardt dont la ligne de succès (s’étendant sur toute la longueur de sa paume) présageait de la carrière éblouissante qui fut la sienne. Toutefois, la chiromancie ne doit jamais être pratiquée à la légère. Car, que l’on y croie ou non, celle-ci possède le redoutable pouvoir de révéler la part la plus « cachée » de nous-mêmes.
La rédactrice de cet article est Magali Cazottes qui pratique la Chiromancie et la Chirognomonie. Vous pouvez la contacter directement depuis notre formulaire de contact pour toutes demandes liées à ces sciences.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, vous pouvez consulter en ligne le seul livre de référence sur la Chrirognomonie : La Science de la Main